Tri Yann Tri Yann
Tri YannLes filles des forges
Tri YannJohnny Monfarleau "Madame Bolduc"
Tri YannMaluron Lurette
Tri YannBergere allons doux
Tri YannLe mariage insolite de Marie la Bretonne
Tri YannMrs Mac Dermott
Tri YannLes échevins de Nantes
Tri YannKiss the children for me Mary
Tri YannHanter-dro macabre
Tri YannQuand la bergère
Tri YannComplainte Gallaise
Tri YannSuite écossaise :
Tri YannOlivier Jack-Willafjord
Tri YannDrumdelgie
Tri YannElslie Marly
Tri YannShane's Fancy
Tri YannComplainte de Yuna Madalen
Tri YannLes cheveaux du Méné-Bré
Tri YannLa ville de la rochelle
Tri YannAn tourter
Tri YannKimiad eur paour kaez den oblijet da guitad e vro
Tri YannLe tourdion des manants
Tri YannKorydwen et le rouge de Kenholl
Tri YannLe renard

Tri Yann
Les filles des forges Tri Yann Tri Yann
- Extrait de l'album Tri Yann an Naoned (1972) -
Cette chanson traditionnelle suit le rythme du Pilé Menu, danse de la région de Paimpont.


Digue ding don don
Ce sont les filles des Forges,
Des Forges de Paimpont
Digue ding don daine,
Des Forges de Paimpont
Digue ding don don.

Digue ding don don
Elles s'en vont à confesse,
Au curé du canton
Digue ding don daine,
Au curé du canton
Digue ding don don.

Digue ding don don
Qu'avez-vous fait les filles,
Pour demander pardon 
Digue ding don daine,
Pour demander pardon 
Digue ding don don.

Digue ding don don
J'avions couru les bals,
Et les jolis garçons
Digue ding don daine,
Et les jolis garçons
Digue ding don don.

Digue ding don don
Ma fille, pour pénitence,
Nous nous embrasseront
Digue ding don daine,
Nous nous embrasseront
Digue ding don don.

Digue ding don don
Je n'embrasse point les prêtres,
Mais les jolis garçons
Digue ding don daine,
Qu'ont du poil au menton
Digue ding don don.

Tri Yann
Johnny Monfarleau "Madame Bolduc" Tri Yann Tri Yann Tri Yann
- Extrait de l'album Tri Yann an Naoned (1972) -
Chanson du Québec. Les paroles sont de "La Bolduc", chanteuse populaire de l'entre-deux-guerres mais la mélodie est d'inspiration écossaise.


Messieurs et Mesdames, veuillez m'excuser
Si par un coup de théâtre je suis mal habillé
Ou si mal vêtu,
Je n'ai point d'argent pour payer.

J'ai vu Monfarleau passer dans la rue
Avec une punaise qui était grosse comme un veau,
Il a pris sa peau pour en faire un capot
Hourrah pour Johnny Monfarleau !

Avec sa viande, ainsi que ses os,
Je me suis décidé de faire un tricot
J'ai tout invité : les parents, les amis,
Ainsi que Johnny Monfarleau...

Je l'ai vu à Gaspé se promener
Ce pauvre vieux en char à bœufs,
Sa jupe de côté, sa ceinture percée,
Hourrah pour Johnny Monfarleau !

Quand j'étais tout petit gars, à la Messe au Cap Chat
Il me menait à l'église avec sa jument grise,
Sa vieille carriole de peau de popieau
Hourrah pour Johnny Monfarleau !

Depuis le mois d'octobre, puis dans les forêts,
En costume de bain garni en peau de lapin
Avec sa vieille couverte tricotée au crochet
Hourrah pour Johnny Monfarleau !

Je l'ai vu allant par de ci par là,
Il se promène en pyjama,
Sa veste de castor traînant sur le traîneau,
Hourrah pour Johnny Monfarleau !

Tri Yann
Maluron Lurette Tri Yann Tri Yann Tri Yann
- Extrait de l'album Suite Gallaise (1974) -
Hanter-dro


Quand j'étais chez mon père,
Maluron malurette, maluron maluré,
Garçon à marier.

Je n'avais rien à faire,
Maluron malurette, maluron maluré,
Qu'une femme à chercher.

Un jour j'en trouvis une,
Maluron malurette, maluron maluré,
A la barrière d'un pré.

Je lui demandis belle,
Maluron malurette, maluron maluré,
Veux-tu t'y marier ?

La fille était jeunette,
Maluron malurette, maluron maluré,
Elle s'est mise à pleurer.

Quand elle fut sur ses landes,
Maluron malurette, maluron maluré,
Elle s'est mise à chanter.

Attends petite sotte,
Maluron malurette, maluron maluré,
Je t'y rattraperai !

Ma mère, elle est malade,
Maluron malurette, maluron maluré,
Je reste à la soigner.

Quand elle sera guérie
Maluron malurette, maluron maluré,
Mariée je serai.

A un gentil jeune homme,
Maluron malurette, maluron maluré,
Qu'est garçon boulanger.

Il a la chemise blanche,
Maluron malurette, maluron maluré,
Comme la feuille en papier.

Il a le cheveu jaune,
Maluron malurette, maluron maluré,
Et le sourcil doré.

Tri Yann
Bergère allons doux Tri Yann Tri Yann Tri Yann
- Extrait de l'album Suite Gallaise (1974) -
Laridé à six temps.


J'ai descendu dans ma cave, par un escalier d'argent ,
Et j'ai cueilli trois marguerites, toutes trois fleuries de rang.
Bergère, allons doux
Et ma mie allons doucement.

J'ai pris mes petits ciseaux et les ai coupées en rêvant,
Et j'en ai fait un bouquet pour ma mie que j'aime tant,
Bergère, allons doux
Et ma mie allons doucement.

Et les lui ai fait porter par le rossignol chantant,
Elle me les a renvoyés par l'alouette en pleurant.
Bergère, allons doux
Et ma mie allons doucement.

Alouette, belle alouette, quelles nouvelles y'a chez nos gens ?
Des nouvelles y'a peu pour toi et qui te feront pleurer longtemps.
Bergère, allons doux
Et ma mie allons doucement.
De ton père et de ta mère qui sont morts y'a bien longtemps.
Bergère, allons doux
Et ma mie allons doucement.

De mon père et de ma mère, je ne m'en soucie point tant,
Car sans mon père et ma mère, j'serais marié y'a ben longtemps.
Bergère, allons doux
Et ma mie allons doucement.

J'serai déjà en bon ménage de cinq à six douzaines d'enfants,
Les grands me demanderaient d'l'argent et les petits du pain, maman.
Bergère, allons doux
Et ma mie allons doucement.

J'ai descendu dans ma cave, par un escalier d'argent,
Et j'ai cueilli trois marguerites, toutes trois fleuries de rang.
Bergère, allons doux
Et ma mie allons doucement.

Tri Yann
Le mariage insolite de Marie la Bretonne Tri Yann Tri Yann Tri Yann
- Extrait de l'album La Découverte ou l'Ignorance (1976)-
Luc Romann
La musique de cette chanson est d'influence Israélienne mais reste très celtique dans ses paroles par ses multiples références aux symboles de l'élément liquide.

Le jeune homme y apparaît au printemps, symbole de la vie, du bonheur et au sortir de l'eau, symbole de la fécondité dans la tradition celtique. C'est le mythe de l'eau mère.
A cela s'ajoute le lieu irrél qu'est l'étang. A sa surface, se reflètent et se mélangent toutes sortes d'ombres. La luminosité évolue constamment à la surface si bien que l'imagination est en permanence sollicitée. Dès lors il n'est pas étonnant d'y voir surgir un personnage imaginaire.


Elle a retiré son tablier
Pour mettre une robe de mariée,
Elle a caché ses mains dans des gants
Et ses pieds dans des souliers blancs,
Elle s'est regardée dans le miroir
Et s'est trouvée belle.

Puis elle est descendue en chantant,
En offrant ses sourires au printemps,
Aux grands arbres, aux fleurs et aux oiseaux,
S'est assise près de l'étang,
Se voyant et s'admirant … dans l'eau.

C'est lorsqu'elle voulut se relever
Qu'elle vit un jeune homme s'approcher,
Il semblait sortir du fond de l'eau
Tout mouillé, elle l'a trouvé beau,
Et elle a compris à son regard
Qu'il l'a trouvait belle.

Et son corps ne s'est pas défendu,
Et l'amour en elle s'est répandu,
Et la cloche a sonné au château,
C'est alors que l'inconnu
S'est perdu, a disparu … dans l'eau.

Elle est remontée dans le grenier,
A rangé dans la malle d'osier
La robe, les souliers et les gants,
A remis son tablier blanc
Pour préparer le repas du soir,
Faire la vaisselle.

Tri Yann
Les échevins de Nantes Tri Yann Tri Yann Tri Yann
- Extrait de l'album Urba (1978) -
Tri Yann/Traditionnel
Ridée dont le texte traditionnel s'ajoute aux nombreuses histoires de fiancées délaissées déjà évoquées. Nous n'en gardons ici que le thème de départ et le faisons évoluer en fonction d'une actualité plus brûlante : l'exode forcé d'un jeune Nantais qui n'a que le tort d'être né dans la ville qui connaît le plus fort taux de chômage de Bretagne et de l'ouest. L'espoir issu du changement de municipalité, le 20 Mars 77, est ensuite évoqué. Le dernier couplet, moins optimiste, déplore le silence des élus nantais sur l'importante question du découpage régional, attentisme en contradiction avec les vœux émis par les autres municipalités de gauche du département, réclamant le retour de la Loire-Atlantique dans la région bretonne.


J'ai promis à ma chère amie,
J'ai promis de m'en revenir,
A Nantes avant Décembre,

Le mois d'septembre il est passé,
Le mois d'novembre il est passé ;
La belle est en attente,

Son galant il a beau chercher,
Son galant il n'a point trouvé
Pour son travail à Nantes,

Il aperçoit un messager
Qui venait de vers Nantes,
A Paris de vers Nantes.

Approche approche, beau messager,
Approche et dis-moi, messager,
Quelles nouvelles y'a dans Nantes ?

On a changé les échevins,
Dans la ville de Nantes
Et dans l'entour de Nantes.

Ils feront l'herbe reverdir,
Ils feront les rues refleurir,
Sous nos pieds qu'on y danse,

Feront les amants revenir,
Après les mois d'absence,
Qu'ils y travaillent à Nantes.

Aux Nantais rendront leur cité,
Pourvu qu'ils veuillent la prendre,

Mais Nantes pour son avenir
En Bretagne doit revenir.
Faudrait p't'être qu'ils y pensent
La ville est en attente.

Tri Yann
Kiss the children for me Mary Tri Yann Tri Yann Tri Yann
- Extrait de l'album La Découverte ou l'Ignorance (1976) -
Chanson écossaise traduite et adaptée par Jacques Yvart.


Kiss the children for me Mary. Ne les laisse pas languir,
Dis-leur combien je travaille pour eux, j'ai le cœur brisé de partir.

N'oublie pas ton ouvrage de la journée,
Penserai fort à toi, Mary, à des milles de miles de toi.

Je construis des digues, des usines; je transporte des montagnes.
Serai près de vous en Novembre, quand reviendrai de campagne.

Kiss the children for me Mary. Ne les laisse pas languir,
Dis-leur combien je travaille pour eux, j'ai le cœur brisé de partir.

Kiss the children for me Mary.

Tri Yann
Hanter-dro macabre Tri Yann Tri Yann Tri Yann
- Extrait de l'album Urba (1978) -
Tri Yann/Traditionnel
L'Ankou, c'est la Mort, personnage central de nombreuses légendes bretonnes. Squelette vivant, porteur en haillons de la faux qui fauche la vie, il parcourt la nuit les campagnes, et charge sur sa charrette, karig an ankou, ceux qu'il entraîne dans la mort. L'ankou redoute les croisées des chemins et les routes qui mènent aux villes. L'urbanisation l'a précipité dans l'oubli, et son évocation ne fait plus penser qu'aux danses macabres de Kermaria-an-Isquit, La Chaise-Dieu ou La Ferté- Loupière. C'est donc sur un air d'Hanter-dro que nous avons imaginé ce que pourrait être une de ses tournées, à notre époque où plus de la moitié des Bretons vivent dans les cinq villes de Nantes, Rennes, Brest, Lorient et Saint-Nazaire.


C'est dans le bourg d'Damgan, que l'ankou s'y promène,
Son char y va grinçant, les enfants vont riant.
Chez le Guillaume il cogne, mon vieux Guillaume ouvre-mé,
C'est pour ta femme Jeannette : l'heure a déjà sonné.

S'il faut te la bailler, va la chercher toi-même.
A l'hôpital de Vannes, ce matin l'ont emmenée
Trois hommes en robe bianche, dedans un char tout chromé,
C'est pour compter les jours qu'elle peut encore durer.

L'hôpital était grand, l'hôtesse était petite,
Elle en fut tout berlue en le veuyant passer,
Bianc sous son chapeau noir, traînant sa faux tout rouillée.
Il fit ben trois cents chambres, la vieille il a trouvé.

Au mitant de teuyaux, gueurlottant du darrière,
Saignée comme pourcieau, vidée de ses boyaux.
Bourrons-la de morphine qu'a dit le ptus jeune infermier,
Refoutons la crépine, elle peut encore durer.

Crachant mille copias, l'ankou se mit à braire :
Depis hier déjà, Jeannette elle est à ma.
Elle n'est qu'en sommeil, qu'a dit le plus jeune infermier
En refermant la vieille. Dans un mois repassez.

Revint le mois passé. N'était encore point morte.
On venait d'épieauder le peu qu'il en restait.
Revint deux mois passés, pi revint au bout'd'une année.
Elle était dans la bouète, mais déjà fossoyée

Tri Yann
Quand la bergère Tri Yann Tri Yann Tri Yann
- Extrait de l'album La Découverte ou l'Ignorance (1976) -
Chanson traditionnelle du Morbihan gallo


Quand la bergère s'en va t'aux champs
En toujours filant,
Sa quenouille est à son côté,
Son fuseau d'argent.

Son bel amant va la suivant
En toujours disant :
La belle ne marchez pas si fort,
Tardez un moment.

Oh nenni non je ne tarderai point,
J'ai vu l'autre jour de joyeux amours
Là qui étaient dans le jardin
Le cœur bien mourrant.

N'avait-il pas le sabre en main
L'anneau d'or au doigt,
La belle ce sont mes anneaux,
Belle rendez-les-moi.

Tiens galant voilà tes anneaux,
Mets-les à ton doigt,
J'm'en fiche pas mal de tes anneaux,
Encore mieux de toi.

Ah si la belle j'ai mal parlé,
Là je m'en repents
Et je me jette à vos pieds
Le cœur repentant.

Galant galant il n'est plus temps
De t'en repentir,
Toi tu m'as donné ton congé
Et moi je l'ai pris.

Tri Yann
Complainte Gallaise Tri Yann Tri Yann Tri Yann
- Extrait de l'album La Découverte ou l'Ignorance (1976) -
Chanson traditionnelle.


C'est entre nous les jeunes filles
Vous qui voulez, malon la la
Vous qui voulez vous marier.

Ne prenez point de ces jeunes hommes
Ni de ces gars malon la la
Ni de ces garçons débauchés.

Le soir s'en vont à la débauche
De cabaret, malon la la
De cabaret en cabaret.

Et puis le soir quand i's'ramassent
Font les malins malon la la
Le carillon à la maison.

Galant tiens-tu à tes promesses
Quand tu m'disais malon la la
Qand tu m'disais faisons l'amour.

Tri Yann
Complainte de Yuna Madelen Tri Yann Tri Yann Tri Yann
- Extrait de l'album Le café du bon coin (1983) -

Marie Madalen, du fond du passé
Le printemps ramène les longues journées,
Tes journées de peine dans les champs de blé
De monsieur Etienne de Kerandoaré.
Marie Madalen, Mari plac'h gwechall
Le printemps ramène les longues journées.
Diwezhiou labour, er parkou segal,
Parkou braz an Aotrou Stephan Kerandoaré.

Le dimanche, elle le voyait prier dans l'église de Hédé
Dieu tu l'aimais, soumise, effacée. Il ne t'a jamais regardée.

Yuna Madalen, un siècle a passé,
Le printemps ramène les longues journées.
Plus lourde est la chaîne quand revient l'été
Pour une ouvrière de chez Kérandoaré.
Yuna Madalen, goude kant goanv,
Le printemps ramène les longues journées.
Re bounner ar bec'h pa ze gouezh an hanv,
'Vit ur vicherouez eus ti Kerandoaré.

Mais dimanche, pendant qu'il va chasser aux garennes de Hédé,
Tu vas à Rennes, tu vas dessiner sur l'usine un point noir serré.

Tri Yann
La ville de La Rochelle Tri Yann Tri Yann Tri Yann
- Extrait de l'album Le café du bon coin (1983) -
Traditionnel-Tri Yann/Tri Yann-Traditionnel


C'est dans la ville de La Rochelle,
Belle madeli madelon délira.
Il y a trois jolies demoiselles.
La plus jeunette était la plus belle,
Les diamants, les argents poussent par derrière elle,
Comme aussi les filles des grands rois.
Son Galant, il est auprès d'elle,
Il la coiffe sans miroir ni peigne.
O belle ma mie, je vous trouve belle.
Bel amant, la beauté belle à quoi nous sert-elle ?
C'est d'aller pourrir sous la terre
Comme aussi celles qui sont laides,
Comme y vont les vieux, les gueux, les jouvencelles,
Les galeux, les pesteux, roulis roulez crécelles.

Tri Yann
An tourter Tri Yann Tri Yann Tri Yann
- Extrait de l'album Le café du bon coin (1983) -
Traditionnel/Visant Seite
Chanson sur le remembrement, en Bretagne, dans les années 50-60.


Benveg an diaoul, ô petra 'rez?
Dizah 'r bleuz, diskar ar gwéz!
Freuza 'r park, karga an hent!
Diskolpa 'r menez gand da zent!
Mahagna 'rez ar parkeier,
An drevajou, ar hoajeier.
Frigasa 'rez yeot ar 'foenneg
Ha diskolpa brug al lanneg.
'Vel eun taro dall pennfollet.
E tourter kriz 'vel dirrolet.
Eun druez eo flastra glazur!
Ober labour ken dinatur!
Ouz da zilehr ne jom nemed
Gwez toull-govet, glazvez breset...
Eur brén-douar ne rafe két
Gwasoh dismantr e leh e-bed.
Da storlokou, pell, a drégern
Muioh eged eun trouz ivern.
Da harvanou a zo euzuz.
Ha da êzenn a zo fleuriuz.
Piou an diaoul e-neus ijinet
Eur seurt benveg ken milliget?
A laz, a sko 'vel eun treitour,
A ra d'an dén chom dilabour...
Benveg ganet 'kreiz ar brezel,
Tres an ivern war beb ezel,
Ganit e klever c'hwéz ar poultr...
Kerz kuit da strakal gand ar foultr.
Outil diabolique, que fais-tu ?
Renverser les talus, abattre les arbres!
Détruire le champs, boucher la route!
Déchiqueter la montagne à l'aide de tes dents!
Tu mutiles les champs,
Les moissons, les bois.
Tu écrases l'herbe de la prairie
Et tu mets en pièce la bruyère de la lande.
Comme un taureau aveugle devenu fou
Comme déchaîné tu cognes de la tête avec cruauté.
Quel malheur d'écraser la nature,
De faire un travail si meurtrier!
Après ton passage, il ne reste
Qu'arbres éventrés, nature piétinée...
Un tremblement de terre ne ferait pas
Davantage de dégâts nulle part au monde.
Tes craquements au loin éclatent
Plus forts que les râles de l'enfer.
Tes mâchoires sont horribles,
La fumée est fétide.
Qui diable imagina
Un tel outil de malédiction?
Qui tue, qui frappe comme un traître.
Qui met l'homme au chômage…
Machine née au cœur de la guerre,
Le visage de l'enfer sur chaque aile,
Grâce à toi, nous respirons l'odeur de la poussière...
Déguerpis et que la foudre te fasse voler en éclats.
Tri Yann
Kimiad eur paour kaez den oblijet da guitad e vro Tri Yann Tri Yann Tri Yann
- Extrait de l'album Le vaisseau de pierre (1988) -
Gilles Servat/Tri Yann
Chanson sur l'adieu d'un pauvre fi'd'garce obligé de quitter son pays.


Kemer a ran un dornadig douar
A-raok partial war vor hep distro
En tu all d'ar mor ra gavin douar
Ken flour em daouarn ha douar ma bro
Selaou a ran kan laouen an evned
A-raok partial war vor hep distro
En tu all d'ar mor ra gavin evned
A gan ken lirzhin hag evned ma bro
Sellout a ran ouzh raden ar roziou
A-raok partial war vor hep distro
En tu all d'ar mor ra gavin roziou
Ken glas ken tener ha roziou ma bro
Debrin a ran ur meudad gwinizh-du
A-raok partial war vor hep distro
En tu all d'ar mor ra gavin ed-du
C'Hwez vad warnañ'vel gwinizh-du ma bro

Je prends une petite poignée de terre
Avant de partir sur la mer sans retour
De l'autre coté de la mer puissé-je trouver de la terre
Aussi douce dans les deux mains que la terre de mon pays
J'écoute le chant joyeux des oiseaux avant de partir...
Avant de partir sur la mer sans retour
De l'autre côté de la mer puissé-je trouver des oiseaux
Qui chantent aussi joyeux que les oiseaux de mon pays
Je regarde la fougère des collines avant de partir...
Avant de partir sur la mer sans retour
De l'autre côté de la mer puissé-je trouver des collines
Aussi vertes aussi tendres que les collines de mon pays
Je mange une pincée de blé noir avant de partir...
Avant de partir sur la mer sans retour
De l'autre coté de la mer puissé-je trouver du sarrazin
Plein de bonne odeur comme le blé noir de mon pays


Tri Yann
Le tourdion des manants Tri Yann Tri Yann Tri Yann
- Extrait de l'album Belle et Rebelle (1990) -
Tri Yann/Traditionnel


Gourmandons en jour et nuyt montjoyes* de jambons de guerdons et de bresmes, meisme. Dès que fine le convis* n'est que briches* et pain bis. Atrayons-nous au baril, trop longtemps viné* le vin se tourne en esgre, nesgre. De l'Anjou boivons le fruyt de la vigne à l'envi.

Aprez beau temps gros temps, aprez le printemps nous prend la pluye la tempeste et le vent, après l'esté l'autonne et l'hyver qui fine l'an. Aprez le joule temps*, aprez le bon temps nous prend les lermes l'yre* et les tourments, aprez l'enfant l'amant et le père et le viel an.

Sauteries et danseries, festes et galants resjoyent les jouvancelles, ancelles*. Sonneries et chanteries boutent liesse* à la vie. Amons à nostre appetit*, prenons compaignie de la brune Isabelle, belle, la fidèle Virginie, la Margotte jolie.

Gardons nous des roberies*, fuyons les maraudes* et ribaudes* legieres : nous n'en tirerons profist que barasts* et gaschis.

Trop souvent gagne-petit s'en vont à la guerre et n'en reviesnent gaire. Guerroyer n'est que tueries, que diffame* et folie. Le vilain s'esbat* pour luy, mais l'homme gentil* ne s'en mémore gaire. Roys nous tiesnent en tyrannie, en oppresse* et mespritz. Princes, barons et nantis, par vous les manants ont eu trop de molestes*. Cachez vos argenteries vos chevances* et rubis.

Bientost sonnera minuyt, et vos felonies nous les mettrons à chief*, despiecerons vos logis, danserons sur les bris.

Montjoyes : monceaux
Dès que fine le convis : dès que s'achève le festin
Briches : miettes
Viné : mis en tonneaux
Aprez le joule temps : après la jeunesse
L'yre : la tristesse
Resjoyent les jouvancelles, ancelles : réjouissent les jeunes filles et les servantes
Boutent liesse : donnent de la joie
Amons à nostre appetit : aimons à notre gré
Roberies : vols, brigandages
Maraudes : coquines, drôlesses
Ribaudes : débauchées
Barats : tromperies
Diffame : deshonneur
S'esbat : se bat
Gentil : de bonne naissance
Oppresse : souffrance, douleur
Molestes : tourments
Chevances : fortunes, biens
Nous les mettrons à chief : nous y mettrons fin
Tri Yann
Korydwen et le Rouge de Kenholl Tri Yann Tri Yann Tri Yann
- Extrait de l'album Belle et Rebelle (1990) -
Tri Yann-musique traditionnelle
Une histoire dans la tradition des gwerziou de Basse-Bretagne. La " gwerz " est un chant à caractère historique ou légendaire, les deux étant souvent mêlés dans un récit toujours dramatique, fréquemment teinté de fantastique, de merveilleux et d'ésotérisme.
Ce voyage de Korygwen est émaillé de nombreuses références à la mythologie irlandaise ou celtique.


Korydwen*, Korydwen, pourquoi t'en être allée au premier jour de mai* de ta quinzième année, fillette païenne, couronnée d'épis de blé*; à la fraîche fontaine, dans le bois aux sorbiers ?

De s'en venir de Vannes trois hommes, trois cavaliers, au Pardon de Sainte Anne s'en allant chevaucher, de Sainte Anne près de Nantes, sur un rocher dressée. Et Korydwen d'entendre les cloches sonner.

Le premier des cavaliers, de pierreries couronné, cheval* blanc* comme est blanc le marbre de Carrare en été :
- A Sainte Anne, belle païnenne, je vous mènerai. Venez venez en selle.
Mais il n'eut achevé que sa peau tombe en lanières sur son corps tout desséché, qu'en chimères de pierre soudain se trouve changé, et ses bras en poussière et en poudre ses deux pieds*. Et de ses cendres grises la fontaine est brouillée.

Plongeant l'épée dans l'ève*, le second des cavaliers rendit claire la source et plus fraîche d'emblée. D'une tortue* la tête ornait son casque d'acier, ses écailles recouvraient sa cuirasse cirée.
- Qui es-tu, dit Korydwen ?
- Batholan le guerrier ! Je suis le fils de Tonkad et de l'océan suis né.
- L'océan ne fait naître que sirène ou bien que sorcier. Au pardon de Sainte Anne jamais ne te suivrai !

De la fraîche fontaine au troisième des cavaliers, Korydwen en sa bouche de l'ève claire a versé :
- Tu es jeune et tes yeux sont de jade émaillés; de quel pays viens-tu sur ta pourpre haquenée ?
- D'où je viens sept moulins tournent dans les vents salés qui font ma barbe rose comme rose du rosier. On m'appelle Le Rouge à Kendholl où je suis née. A Sainte Anne au pardon, je m'en viens pour te mener.

De bondir tous les deux dessus la pourpre haquenée. Sonnaient sonnaient les cloches de vers Nantes au clocher. De chevaucher trois jours et deux nuits sans s'arrêter, sans boire et sans manger, de colline en vallées. Mais Korydwen s'étonne à la troisième soirée :
- Je n'entend plus qu'à peine les cloches sonner.
- Ce n'est rien, dit Le Rouge, mais le vent a dû tourner. Viens, païenne, sur ma couche de paille de blé…

Ils repartent au matin dessus la folle haquenée. Ils traversent des forêts de bois de cerf dressés, plus vertes que sont les algues et que d'Irlande les prés, sans boire et sans manger, trois jours deux nuits sans s'arrêter. Mais Korydwen s'étonne à la sixième soirée :
- Je n'entend plus les cloches du Pardon sonner !
- Tu te trompes Korydwen, tu te trompes ma bien-aimée; c'est le vent qui est tombé. Il est tard allons nous coucher…

Quand Korydwen s'éveille à la septième rosée, elle est seule sur la couche de paille de blé : à la place du Rouge elle découvre à son côté des serpents et un miroir brisé. Et Korydwen d'y plonger son regard pour le croiser, mais le visage qui lui fait face de la faire sursauter : c'est celui d'une vieille femme d'au moins cent et dix années dont des serpents dévorent les pauvres seins déchirés.

Et Korydwen de voir son maigre sang couler, et la terre le boire et sa mort arriver. Et de son ventre froid soudain s'envole un épervier qui plonge dans la Loire, en saumon enchanté…

Korydwen : de Keridwen, nom gallois de Dana, déesse aérienne dont la tribu, le "peuple-fée", envahit l'ancienne Irlande. Divinité semblable à l'Athéna grecque, Dana et son peuple apportaient la sorcellerie, la poésie et l'artisanat . Nommée également Brigantia, elle fut détournée par le christianisme en Sainte Brigitte, patronne des médecins écrivains et forgerons.
1er Mai : fête de la renaissance de la nature, le légende en fait systématiquement le jour du début des premières invasions successives de l'Irlande.
Blé : la moisson, liée au culte solaire, est symbole d'abondance mais aussi de mort comme sa couleur, le jaune.
Fontaine : l'eau, la source sont symboles de régénérescence.
Blanc :le blanc, lié au culte lunaire, est symbole de vie.
L'ève : l'eau en roman ou en dialecte gallo de Haute-Bretagne.
Tortue : symbole de patience, de prudence, de longévité.
Batholan :héros assimilable à Poséidon-Neptunus, initiateur de la première invasion d'origine marine de l'Irlande; il combattit les premiers occupants, d'origine ophidienne, qui gardaient la terre en friche et déclencha l'évolution.
Tonkad : destin
Pourpre : le rouge et le pourpre sont les symboles du passage dans l'autre monde.
Haquenée : Jument autrefois recherchée pour la douceur de son trot comme monture de dame
Tri Yann
Le Renard Tri Yann Tri Yann
- Extrait de l'album Belle et Rebelle -
Paroles et musique de Tri Yann
En 937, le duc de Bretagne Alain II, dit " Barbe-Torte " ou " Al Louarn "(le Renard), chassa de Nantes les Normands installés depuis près d'un siècle. La tradition rapporte qu'épuisés et sur le point d'être battus, les guerriers bretons durent la victoire au jaillissement d'une source. Alain Barbe-Torte trouva la ville en ruine. Il affranchis les serfs qui participèrent à sa reconstruction et en fit la capitale de la Bretagne.


La voile claque au vent, le Renard glapit dans le champ, toile rouge au vent, vent de l'ouragan, vent de guerre, loi des géants. La Loire roule sang, le Renard mort à belles dents, boyt le rouge sang, le sang des Normans que la brume noie dans le temps.

Ils ont réduist Vannes en fumée de Noël à saint Jehan, Landevennec et Noirmoustier de Pasques à Saint Laurent, ravagé fermes et vergers, de Dol ont fayt leur camp, fauché le foin, mangé le bley et bu le vin des Francs. Ils ont féri*, ils ont forcé* pucelles et filles en champs. Ils ont pillé Rennes et navré* bourgeois et paysans, deffayt Redon, Redon noyé dans la Vilaine en sang.

J'ai mis le cuir noir et l'acier avec Anglois et clans. Passée la mer, avons marché vers Nantes et ses murs blancs, jeté la lance et reculé du lever au couchant. Ardé* par le feu de l'esté, j'ai bu l'eau du torrent jailli du cœur d'un peuplier dedans le pré d'Anian.

Féri : frappé
Forcé : violé
Navré : blessé
Ardé : brûlé