Tri Yann Tri Yann
Titres et paroles des chansons :

Tri YannPrinces qu'en mains tenez
Tri YannComplainte Gallaise
Tri YannLa botte d'asperges
Tri YannKiss the children for me Mary
Tri YannLa jument de Michao
Tri YannMrs Mac Dermott
Tri YannLa levée des 300.000 hommes
Tri YannLe mariage insolite de Marie la Bretonne
Tri YannDérobée de Guingamp
Tri YannQuand la bergère
Tri YannLe grand valet
Tri YannLa découverte ou l'ignorance

Tri Yann
Princes qu'en mains tenez
Tri Yann - Traditionnel
Les paroles de cette chanson sont extraites de l'ouvrage du poète Jehan Meschinot , "Les lunettes des princes". Il y dénonce l'exploitation de la misère du peuple, la violence, les inégalités, l'injustice et la corruption des Grands.
Né à Nantes en 1422, il fut le Maître d'Hôtel du Duc François II et de sa fille Anne. Il meurt en 1491, année du mariage forcé de la jeune Duchesse avec Charles VIII.
La musique est tirée du répertoire des musiciens de Provence.


Vous qu'en main tenez tous votre peuple
Pillé tant l'hyver que l'esté,
Voyez qu'il a trop povre esté.

Sont cours aux robins des Princes de Bretaigne,
Sont coulps aux villains si Princes les dédaignent,
Ni les cours aux villains, ni les coulps aux robins.

C'est par desplaisir, fain et froidure
Que les povres gens meurent souvent,
C'est sans déplaisir, fain ni froidure,
Que seigneurs entre eux vont battant.

Seigneurs nous tenez comme rebelles,
Parlant plus en hault qu'en bas ton.
Justice ne menez qu'au baston.

Gens qui de justice avez la charge,
Par trop n'y voyez qu'en prélats,
De vous en parler suis très las.

Souvent vous tenez femme pour folle,
Qui se vend pour le plus donnant,
Mais pire faictes-vous bien souvent.

A la fois suffist une cavale,
Au Roy une robe ung hostel.
Le roy se mourra, je suis tel.

Tri Yann
Complainte Gallaise Tri Yann Tri Yann Tri Yann
Chanson traditionnelle.

C'est entre nous les jeunes filles
Vous qui voulez, malon la la
Vous qui voulez vous marier.

Ne prenez point de ces jeunes hommes
Ni de ces gars malon la la
Ni de ces garçons débauchés.

Le soir s'en vont à la débauche
De cabaret, malon la la
De cabaret en cabaret.

Et puis le soir quand i's'ramassent
Font les malins malon la la
Le carillon à la maison.

Galant tiens-tu à tes promesses
Quand tu m'disais malon la la
Qand tu m'disais faisons l'amour.

Tri Yann
Kiss the children for me Mary Tri Yann Tri Yann Tri Yann
Chanson écossaise traduite et adaptée par Jacques Yvart.

Kiss the children for me Mary. Ne les laisse pas languir,
Dis-leur combien je travaille pour eux, j'ai le cœur brisé de partir.

N'oublie pas ton ouvrage de la journée,
Penserai fort à toi, Mary, à des milles de miles de toi.

Je construis des digues, des usines; je transporte des montagnes.
Serai près de vous en Novembre, quand reviendrai de campagne.

Kiss the children for me Mary. Ne les laisse pas languir,
Dis-leur combien je travaille pour eux, j'ai le cœur brisé de partir.

Kiss the children for me Mary.

Tri Yann
La jument de Michao
Traditionnel (En Dro)

C'est dans dix ans je m'en irai,
J'entends le loup et le renard chanter,
J'entends le loup, le renard et la belette,
J'entends le loup et le renard chanter.

C'est dans neuf ans je m'en irai,
La jument de Michao a passé dans le pré,
La jument de Michao et son petit poulain,
A passé dans le pré et mangé tout le foin.
L'hiver viendra les gars, l'hiver viendra,
La jument de Michao elle s'en repartira.

Tri Yann
La levée des 300.000 hommes
Tri Yann-traditionnel
Les paroles de cette chanson, mises sur un air de cantique expriment le refus de la conscription des paysans du centre de la Basse-Bretagne.

L'histoire officielle décrit souvent la chouannerie comme une réaction monarchiste et catholique à la Révolution, soulèvement populaire monté par quelques nobliaux et trafiquants de sel.
La chouannerie est en fait le détournement de la réponse populaire armoricaine à l'ordre de levée d'une armée de 300.000 hommes lancé par la convention en 1973, alors que les Bretons avaient déjà mal accepté l'autoritarisme des nouvelles administrations cristallisé par la constitution civile du clergé.
Les motifs réels de la révolte sont clairement inscrits dans les manifestes des paysans insurgés à l'ouest de Nantes : refus de la conscription et de la livraison à l'armée de bêtes et du matériel nécessaires au travail de la terre, exigence de la liberté de culte.


Chéleuet tud iaouank hag er ré goh eué,
Ur kantik zou zaoùet ur kantik a neué.

Abahr é Langonnet é houlenner pearzek,
Pear aral a Vregel ha seih ag er Fauet.

Huélet er soudarded é tichen ag er ru,
Lod anehé é glas ha lod aral é ru.

En dar'n ou deulegad é tonet dou glubo,
Er glahar'n ou halon é kuittat ag ou bro.

Shervijein en Nasion zou un dra disoursi,
Kalon er Vretoned zou lan a velkoni.
Ecoutez jeunes gens et vieilles gens aussi,
Un cantique nouveau a été composé.

On en avait demandé quatorze de Langonnet,
Quatre autres de Brezel et sept du Faouët.

En voyant les soldats descendre la rue,
Une partie d'entre eux en bleu et le reste en rouge.

Les larmes de leurs yeux venaient les mouiller,
Ils avaient le chagrin au cœur en quittant leur Pays.

Servir la nation est chose désagréable,
Le cœur des Bretons est plein de chagrin.

Tri Yann
Le mariage insolite de Marie la Bretonne Tri Yann Tri Yann Tri Yann
Luc Romann
La musique de cette chanson est d'influence Israélienne mais reste très celtique dans ses paroles par ses multiples références aux symboles de l'élément liquide.

Le jeune homme y apparaît au printemps, symbole de la vie, du bonheur et au sortir de l'eau, symbole de la fécondité dans la tradition celtique. C'est le mythe de l'eau mère.
A cela s'ajoute le lieu irrél qu'est l'étang. A sa surface, se reflètent et se mélangent toutes sortes d'ombres. La luminosité évolue constamment à la surface si bien que l'imagination est en permanence sollicitée. Dès lors il n'est pas étonnant d'y voir surgir un personnage imaginaire.


Elle a retiré son tablier
Pour mettre une robe de mariée,
Elle a caché ses mains dans des gants
Et ses pieds dans des souliers blancs,
Elle s'est regardée dans le miroir
Et s'est trouvée belle.

Puis elle est descendue en chantant,
En offrant ses sourires au printemps,
Aux grands arbres, aux fleurs et aux oiseaux,
S'est assise près de l'étang,
Se voyant et s'admirant … dans l'eau.

C'est lorsqu'elle voulut se relever
Qu'elle vit un jeune homme s'approcher,
Il semblait sortir du fond de l'eau
Tout mouillé, elle l'a trouvé beau,
Et elle a compris à son regard
Qu'il l'a trouvait belle.

Et son corps ne s'est pas défendu,
Et l'amour en elle s'est répandu,
Et la cloche a sonné au château,
C'est alors que l'inconnu
S'est perdu, a disparu … dans l'eau.

Elle est remontée dans le grenier,
A rangé dans la malle d'osier
La robe, les souliers et les gants,
A remis son tablier blanc
Pour préparer le repas du soir,
Faire la vaisselle.

Tri Yann
Quand la bergère Tri Yann Tri Yann Tri Yann
Chanson traditionnelle du Morbihan gallo

Quand la bergère s'en va t'aux champs
En toujours filant,
Sa quenouille est à son côté,
Son fuseau d'argent.

Son bel amant va la suivant
En toujours disant :
La belle ne marchez pas si fort,
Tardez un moment.

Oh nenni non je ne tarderai point,
J'ai vu l'autre jour de joyeux amours
Là qui étaient dans le jardin
Le cœur bien mourrant.

N'avait-il pas le sabre en main
L'anneau d'or au doigt,
La belle ce sont mes anneaux,
Belle rendez-les-moi.

Tiens galant voilà tes anneaux,
Mets-les à ton doigt,
J'm'en fiche pas mal de tes anneaux,
Encore mieux de toi.

Ah si la belle j'ai mal parlé,
Là je m'en repents
Et je me jette à vos pieds
Le cœur repentant.

Galant galant il n'est plus temps
De t'en repentir,
Toi tu m'as donné ton congé
Et moi je l'ai pris.

Tri Yann
Le grand valet
Tri Yann
Composée sur un rythme de ronde de l'Oust, cette chanson fait allusion au détachement arbitraire en 1972 du Pays Nantais de la Bretagne ainsi qu'aux dangers que représente pour la Basse-Loire à vocation maritime, le fait de tourner son économie vers un fleuve condamné par son ensablement.


A Nantes petit village
Le roi envoie un valet,
Il n'aura rien d'autre à faire
En fermant la barrière,
Les moutons du roi garder,
Grand valet* de son palais.

Avant que le valet vienne,
Les moutons allaient manger
Dans les champs et prés salés.

Le valet en grand ombraige
Dit qu'il y'avait du danger
Pour les moutons dans ses prés.

La pâture où il les mène,
La Loire passe à côté.

Il n'y passe pas grand chose :
Quatre chalands par année.

Dans ces prés l'herbe elle est jaune
Au printemps comme en été.

Les moutons n'y chantent guère
Qu'en regrettant les verts prés.

Dedans la prée de nos pères,
Nous avions baire et manger .

Valet ouvre l'échalier*,
Nous voulons y retourner
Dans les champs et prés salés.

Le valet se met en rire,
J'entends les moutons plorer.

J'ai servi le roi mon maître,
Toujours le servirai,

Dimène* dans la Grand Ville,
Le roi m'y fera mander,
A Paris dans son palais.

A Nantes petit village
Viendra t'un nouviau valet

Dimène : dimanche
Grand valet : autrefois le principal ouvrier de la ferme.
Echalier : barrière fixe pour empêcher les bêtes de passer d'un champ à l'autre.

Tri Yann
La découverte ou l'ignorance
Morvan Lebesque - Tri Yann
Tri Yann apporte ses mélodies à ces extraits du livre de l'écrivain Nantais Morvan Lebesque, "Comment peut-on être Breton" publié en 1970.


Le breton est - il ma langue maternelle? Non : je suis né à Nantes où ne le parle pas…Suis-je même breton ? vraiment je le crois. Mais de " pure race ", qu'en sais-je et qu'importe…Séparatiste ? Autonomiste ? Régionaliste ? Oui et non : différent. Mais alors vous ne comprenez plus. Qu'appelons-nous être breton ? Et d'abord, pourquoi l'être ?
Français d'état civil, je suis nommé français, j'assume à chaque instant ma situation de français : mon appartenance à la Bretagne n'est en revanche qu'une qualité facultative que je puis parfaitement renier ou méconnaître. Je l'ai d'ailleurs fait. J'ai longtemps ignoré que j'étais breton…Français sans problème, il me faut donc vivre la Bretagne en surplus, ou, pour mieux dire, en conscience : si je perds cette conscience, le Bretagne cesse d'être en moi ; si tous les bretons la perdent, elle cesse absolument d'être. La Bretagne n'a pas de papiers. Elle n'existe que si à chaque génération des hommes se reconnaissent bretons. A cette heure des enfants naissent en Bretagne. Seront-ils bretons ? Nul ne le sait. A chacun l'âge venu, la découverte ou l'ignorance…