Tri Yann

"Ce matin, un soleil vert se lève sur la lande de Plogoff. Et ce soleil-là salue l'espoir naissant d'un Peuple debout" (JL Jossic 11/05/81). Une partie de l'album est consacré aux luttes contre l'implantation du nucléaire qui se sont déroulées à Plogoff en 1976.

Tri Yann
Titres et paroles de l'album :
Tri YannGuerre, guerre, vente, vent
Tri YannSi mort à mors
Tri YannSuite écossaise :
Tri YannOlivier Jack-Willafjord
Tri YannDrumdelgie
Tri YannElslie Marly
Tri YannShane's Fancy
Tri Yann Au jardin de mon père, les lilas sont fanés
Tri YannGrand bal de Kermaria-an-isquit :
Tri YannBallade
Tri YannPsaume
Tri YannDanse

Tri YannAn heol a zo glaz :
Tri YannLug
Tri YannKan ar kann
Tri YannDans koz
Tri YannKan an heol
Tri YannDans nevez

Tri Yann
Guerre, guerre, vente, vent
Jean-Paul Jehanno-Tri Yann

Après sept années de guerre,
Sept années de bâtiment.
Je reviens de Grande-Terre,
Je reviens à Lorient.
Je reviens de Grande-Terre,
Guerre guerre, vente vent.

J'ai passé des nuits entières
Debout au gaillard d'avant.
Sous bons vents, sous vents contraires,
Sous la brise ou les brisants.

Voyez mon sac de misère
Lourd de coups, vide d'argent.
Allez dire au Capitaine
J'ai obéi trop souvent !

Bonjour ma mie qui m'est chère,
Revoilà ton cher amant.
Je suis las de trop de guerres
Sans voir grandir mes enfants.

J'ai reçu tes mille lettres
Par le rossignol chantant.
Je t'écrivais moins peut-être,
Je t'envoyais des rubans.

Mes amis plus que naguère,
Vous me verrez bien souvent,
Après tant d'années de guerre,
J'aurai tant et tant de temps.

De l'Orient à Grande-Terre,
Vent arrière, vent avant,
Les fleurs d'hiver étaient belles,
Elles annonçaient le printemps.

Tri Yann
Si mort à mors
Traditionnel Irlandais-Tri Yann
"Si mort à mors ..." (si la mort a mordu) sont les premiers mots d'un poème anonyme écrit à l'occasion des funérailles de Anne de Bretagne. Reine de France et donc inhumée à Saint-Denis, la Duchesse avait demandé que son cœur soit envoyé à Nantes "au milieu de son peuple qu'elle avait tant aimé".
Le reliquaire d'or fondu à cet effet reste visible à Nantes.


Si les matins de grisaille se teintent
S'ils ont couleur en la nuit qui s'éteint
Viendront d'opales lendemains
Reviendront des siècles d'or
Cent fois mille et mille aurores encore.

Si mort à mors Duchesse Noble Dame
S'il n'en sera plus que poudre de corps
Dorme son cœur bordé d'or
Reviendront les siècles d'or
Cent fois mille et mille aurores encore.

Si moribonds sont les rois en ripaille
Si leurs prisons sont des cages sans fond
Vienne l'heure des évasions
Reviennent des siècles d'or
Cent fois mille et mille aurores encore.

Si mille soleils de métal prennent voile
Dix mille soleils de cristal font merveille
Viennent des lueurs de vermeil
Reviennent des siècles d'or
Cent fois mille et mille aurores encore.

Si mille brigands à l'encan font partage
Dix mille enfants des torrents font argent
Viennent des fleurs de safran
Reviennent des siècles d'or
Cent fois mille et mille aurores encore.

Tri Yann
Au jardin de mon père, les lilas sont fanés
Traditionnel-Tri Yann

Au jardin de mon père,
Les lilas sont fanés,
Tous les corbins* du monde
Venaient y corbiner*.
Et gobe le bas de laine.

Tous les savants du monde
Venaient m'y conseiller,
Pouyés* devant, darrière,
En beaux ébis* dorés.

M'ont vendu des machines,
M'ont dit faut faire du byé,
Tout le monde a fait du byé,
Tout le monde ils ont ruiné.
M'ont dit faut faire des canes,
Des poules et des poulets,
Tout le monde a fait des canes,
Que j'en ai foleillé.
M'ont dit fais des lépiotes,
Des bolets granulés,
Des pholiotricholomes,
Des paxilles enroulées.

Là j'ai dit mes bonshommes,
Mes gribouillous* jolis,
Bézous*, bavous*, féniasses,
Savez-vous qu'asursi*
Les buchous* de la terre
Fuinent de tous côtés
Pour botter les darrières
Aux gentils conseillers.
Qui coupent, tuent, taillent
Les arbres au bois-joli,
Qui sèment la pagaille
Tertout* dans le Pays.

Au jardin de mon père,
Quand ils seront barrés,
Tous les wézyaous du monde
Viendront y prendre leur pied
Et yo la la la laine.

Corbin : corbeau
Corbiner : croasser
Pouillé : vêtu
Ebi : habit
Gribouillou : mauvais laboureur
Bézou : pas honnête
Bavou : bavard
Asursi : à cette heure ci
Buchou : travailleur
Tertout : partout

Tri Yann
Grand bal de Kermaria-an-Isquit
Tri Yann-Traditionnel/Tri Yann
Cette ballade est inspirée de la danse macabre peinte au moyen-âge sur les murs de la petite chapelle de Kermaria-an-Isquit (Côtes du nord).


Nobles Roys venés couronnés
De force et prouesce renommés
Ne pensés plus en dignitté
Povres à la danse viendrez
Povres en cendre serez

Connestables d'honneurs parés
Ni vert ni gris plus ne vétirez
Rendez comptes pour estre acquittés
Tant riches en vie vous estiez
Povres en cendre serez

Gens d'Eglise par Dieu nantis
En grand détresce laissez ici
Chapeaux rouges chappes de pris
En tristesce tout finit

Nobles dames d'or empesées
De grasce et jeunesse délaissées
Fustes jadis environnées
De grands lignages et comblées
Povres en cendre serez

Gens de peuple et roturiers
A ceste danse vous mainnerez
Riches qui vous ont méprisés
Tant povres en vie vous estiez
Riches en cendre serez

Tri Yann
An heol a zo glaz (le soleil est vert)
Tri Yann-Traditionnel/Pierre Jakez Hélias-Tri Yann

Juin 1976 : les habitants de Plogoff refusent l'implantation d'une centrale nucléaire près de la Pointe du Raz.
30 Janvier 1980 : la population dresse des barricades. Les premiers affrontements avec les gardes mobiles ont lieu la nuit suivante à quatre heures du matin. Ils se poursuivront pendant plus d'un mois et demi. Combattre est en soi une victoire et Plogoff est devenu par sa détermination la première commune de Bretagne parvenue de facto à l'autonomie. La lutte des Plogoffites est à ce jour l'évènement breton le plus important du XXème siècle.
Hier soir à 20 heures, quand le nom du nouveau Président est apparu sur l'écran de télévision de la Mairie d'Orvault, ma première pensée a été pour les centaines de personnes qui dans ce village du bout du monde savent désormais que le site de Feunteun Aod leur est rendu. (J.L. Jossic, le 11 Mai 1981)

Tri Yann
Lug
Extrait de "Ar men du" (la pierre noire), poèmes bilingues de Pierre Jakez Hélias

Hogen,
Kaer ho po difesoni ma bro
Gand difankadeg ho korvou hag ho sperejou,

An douar eleh m'on ganet
A c'hoarz deoh e-kreiz o kenou
Gand heh oll bouzellou koz
Ma talm enno gwad al Lug,

Ha birviken ho kaohigellou
Ne wastint he brohenn dezi,
Ken rust ha ken teo ha ma'z eo ...

...Zoken ma zav bremañ an heol
War eun hedgwel merglet,
Gand eur veredad kirri-tan en e lagad,

Rag eun heol glaz eo hennez,
O hunvréal ennañ e-unan en deiz
Hag o teuzi da noz
E hunou ar Vretonned,

Rag birviken an diweza dozvet
Euz an ijinerien o fennou braz,
Ha pa skuilfe kreñva kouez
An diweza baillad,
Ne hello digas da wenn maouskennou du ar roue Izur
Na froueza e verh gand eun hadenn
Re skañv evid eur hov
A c'hwel mil vloaz
Or,
Vous aurez beau défigurer mon Pays
Avec les excréments de vos corps et de vos esprits,

La terre où je suis né
Vous rit à la gueule
De toutes ses vieilles entrailles
Où bat le sang de Lug,

Et jamais vos dépotoirs
Ne lui abîmeront la peau,
Qu'elle a très rude et très épaisse...

... Même si notre soleil se lève maintenant
Sur premier plan de rouille,
Avec un cimetière de voitures dans l'oeil,

Car c'est un soleil vert,
Qui se rêve lui-même le jour
Et se dissout la nuit
Dans les sommeils bretons,

Car jamais le plus frais pondu
Des ingénieurs à grosse tête,
Quand bien même il déverserait la plus violente lessive
De la dernière cuvée,
Ne pourra blanchir les toisons noires du roi Izur
Ni féconder sa fille d'une semence
Trop légère pour un ventre
De six mille ans.

Tri Yann
Kan ar kann (Chant du combat)
Bernard Baudriller-TriYann

Tan ! tan ! dir ! oh ! dir !
Tan, tan, dir ha tan ! tann ! tann !
Tir ha tonn ! tonn ! tann!
Tir ha tir ha tann !

Bretoned touzet
a zo bet

Dalc'h penn te Breton
a galon

Gwell eo stourm nevez
o na mezh

Gwardou gwer ha dir
gwer ha dir

Stourm evit frankiz,
da frankiz

Fuc'h hag avel - dro war Plogo
Fuc'h hag avel - dro

Moged hag aezhen
deoc'h kouerien

Goad ar Vretoned eo a red
Goad ar Vretoned

Dastum er Penn-gêr
E Kemper
Dastum er Penn-ker

Torr o fenn o zor
Torr o zor
Feu ! feu ! acier ! oh ! acier!
Feu ! feu ! acier ! et feu ! feu ! feu !
O chêne! chêne! terre!
O flots ! O terre !

Les bretons ont été
grugés.

Tiens tête, toi, Breton
de coeur :

Mieux vaut nouvelle colère
que la honte

Des soldats de verre et d'acier
de verre et d'acier

Combats pour la liberté
ta liberté

Souffle de colère et tourbillon sur Plogoff
Souffle de colère et tourbillon

Fumée et gaz
pour vous paysans.

C'est le sang des bretons qui coule
Le sang des bretons

Rassemblement à la grand-ville
à Quimper
Rassemblement au village

Casse-leur la tête le ventre
Casse-leur le ventre

Tri Yann
Kan an heol (Chant du soleil)
Traditionnel-Tri Yann
A la Pentecôte 1980, 100000 personnes se sont rassemblées près de la Pointe du Van, à l'appel des habitants de Plogoff.


Kant mil'zo enemgavet
Kant mil kounnaret

Kant mil oll war Veg ar Van
Kan ha klemm ha kann

Kan trec'h ha koroll
d'id heol

Kan goanag ha kann
Kan ha kann

Kaneveden gen
War o fenn
Cent mille sont rassemblés
Cent mille en colère

Cent mille tous sur la Pointe du Van
Chant et plainte et combat

Chant de victoire et danse
à toi soleil

Chant d'espoir et de combat
Chant et combat

Que l'arc-en-ciel brille
sur leur front