Guillaume Seznec arrive en sixième place des Bretons les plus célébres. C'est ce que révèle un sondage réalisé par la chambre de commerce du Morbihan. Hier après-midi, au forum des arts, son petit-fils dédicaçait son livre "Nous, les Seznec".
73 ans après la condamnation aux travaux forcés de son grand-père, Denis Le Her-Seznec se bat pour obtenir sa réabilitation. "Elisabeth Guigou, le Garde des Sceaux, devrait autoriser la révision du procès prochainement, avance Denis Seznec. Dans ce livre, je révèle tout ce qui était interdit de dire durant la précédente procédure."
L'affaire Seznec a inspiré le groupe Tri Yann qui lui consacre un album. Denis sera présent ce soir lors de leur concert. C'est un hommage. Ils ont pris position en faveur de mon grand-père. Deux pièces de théâtre ont aussi été écrites."
L'affaire Seznec n'a pas fini de faire couler beaucoup d'encre.

Tri Yann Résumé de l'affaire SEZNEC
Tri Yann Le voyage
Tri Yann Le procès
Tri Yann L'adieu
Tri Yann Le bagne
Tri Yann La délivrance
Tri Yann Seznec est innocent !
Tri Yann
Résumé de l'affaire Seznec

A l'aube du 25 mai 1923, Guillaume Seznec, maître de scierie à Morlaix et Pierre Quémeneur, Conseiller Général du Finistère quittent Rennes à bord d'une vieille Cadillac, à destination de Paris. Ils espèrent y négocier la vente de la voiture et d'autres récupérées dans les surplus américains de la Première Guerre Mondiale. On les apercevra ensemble devant la gare d'Houdan, vers 22 heures. Quemeneur y-a-t-il pris le train pour Paris ? Seznec rentrera seul à Morlaix le lendemain, le voyage ayant été retardé par trop de pannes. On ne revit jamais Quémeneur. A-t-il été tué ? Mais quand ? Et par qui ? Et pour quel motif ? Dissimulation d'un trafic impensable entre la France et la Russie communiste ? Querelle familiale ? ...

Seznec faisait un coupable idéal pour ceux qui voulaient boucler rapidement ce dossier criminel sans cadavre ni preuve. Au terme d'une enquête très orientée, voire truquée par les policiers, la Cour d'Assises de Quimper condamne Guillaume Seznec aux travaux forcés à perpétuité, le 4 novembre 1924, à une voix de majorité. Les débats se seront déroulés dans un climat passionnel d'une rare violence. Seznec quitte la France pour le bagne de Guyane le 7 avril 1927. Il y restera vingt ans, ne cessant de clamer son innocence mais refusant obstinément, malgré de terribles conditions de détention, de demander sa grâce : "II n'y a que les coupables qui demandent pardon ... "

Une campagne va se développer en Bretagne pour la réhabilitation du condamné, menée par sa femme, sa mère, puis sa fille, soutenue par le journaliste Emile Petitcolas, le juge Victor Hervé, Françoise Bosser de la Ligue des Droits de l'Homme et bien d'autres. En 1934, six des jurés de Quimper regretteront leur verdict et demanderont en vain la révision du procès. Lentement, l'opinion publique se retournera en faveur du bagnard qui sera enfin gracié le 2 février 1946 par le Général de Gaulle. De retour en France, Guillaume Seznec est renversé le 14 novembre 1953 par une camionnette dont le conducteur prendra la fuite. Il mourra trois mois plus tard, le 13 février 1954, des suites de "l'accident".

Pendant des années, son petit-fils Denis va refaire l'enquête, rechercher des témoins et des documents, rouvrir des dossiers officiels, susciter de nouvelles expertises et démontrer la machination dont fut victime son grand-père. Une requête en révision est déposée à la Chancellerie; elle porte le numéro 001 et l'on saura dans peu de temps si la justice française est enfin capable de revenir sur "la chose jugée" en acceptant pour la première fois dans son histoire la révision d'un procès d'Assises, ce que permet désormais la loi Seznec votée le 23 juin 1989 à l'unanimité des Députés et Sénateurs.

Tri Yann
Le voyage

L'allumage est malade, le moteur a des ratés,
Seznec au volant sue comme un damné ;
Quémeneur attend à Rennes où il commence à s'énerver
Et les pneus qui sont pourris n'arrêtent pas de péter !

Râlant de villes en villages.
La Cadillac se traîne,
A vingt cinq ou trente à l'heure de moyenne ;
Rotant de pompes en garages,
La vieille américaine
Boit ses cinq ou six bidons avant Rennes.

Le lendemain à l'aube, dès 5 heures du matin,
Il fait beau, l'auto mène son train-train ;
A Ernée, on s'arrête à l'heure du petit déjeuner,
Mais on crève et on re-crève deux fois dans la matinée.

Toussant de villes en villages,
La bagnole se traîne,
Faudra changer les charbons à Mayenne !
Fumant de pompes en garages,
La vieille américaine
Perd ses tôles et ses boulons depuis Rennes.

Quémeneur en a marre, à Dreux il faut rafistoler
Un joint de culasse qui vient de claquer !
La nuit tombe avant Houdan, ces fichus phares n'éclairent rien,
Les écureuils comme des tordus se marrent au bord du chemin.

Crachant de l'huile au passage,
La Cadillac se paie
Ennuis, pannes et crevaisons à la pelle ;
Grognant de pompes en garages,
La vieille américaine Bringuebale depuis Alençon jusqu'à Rennes.

La bagnole à Houdan dégueule ses derniers boyaux.
Les deux associés avalent un morceau ;
Quémeneur prend le train et laisse Guillaume se débrouiller,
Mais après dix bornes à peine, ça craque de tous côtés.

Sifflant comme un autoclave,
La Cadillac s'arrête
Dans la côte de Millemont, c'est trop bête !
Pour Paris ne restent guère
Plus de cinquante kilomètres,
Seznec s'endort une heure, ou deux peut-être.

Il s'éveille au matin. La bagnole est tellement minable :
Dans cet état-là, elle est invendable ;
C'est plus sage de retourner à Morlaix retaper l'engin :
Les garagistes à Paris passent pour de vrais requins.

Rentrant de villes en villages,
La vieille épave se traîne
A vingt cinq ou trente à l'heure de moyenne.
Rotant de pompes en garages
La vieille américaine
Perd ses tôles et ses boulons jusqu'à Rennes.
Rentrant de villes en villages
La Cadillac se traîne
Par Mortagne et Alençon vers Mayenne.
Rotant de pompes en garages
La vieille américaine
Boit ses huit ou dix bidons jusqu'à Rennes.
Rotant de pompes en garages
La vieille épave se traîne

Tri Yann
Le procès

Ecoutez jeunes gens,
Vous aussi vieilles gens ;
C'est d'un Cornouaillais le procès,
Maître de scierie à Morlaix.
Est-il une victime ?
Est-il auteur d'un crime ?
Est-il honnête, est-il un tueur ?
Mais qu'est devenu Quémeneur ?

Soldats casqués dedans Quimper,
La foule rue de Pen ar Steir,
Seznec descend mains dans les poches.
- Sale impression, que ça fait moche
De n'être pourtant cette allure
Ni orgueil ni désinvolture,
Mais c'est la honte des deux menottes
Qui le rattachent à son escorte.

Haine injures et colère
Sur les quais de Quimper.
Et foule le long de l'Odet
Et foule aux marches du palais.
Haine frissons colère,
Pères fils filles et mères,
En foule serrée sur les quais
Et dans les couloirs du palais.

La salle d'audience est survoltée.
"Gardes faîtes entrer l'accusé ! "
Costume bleu un petit peu trop neuf.
- Sale impression, pas naturel.
Sombre public et regards durs,
Lambris sombre et dessus les murs,
Tentures bordeaux ; ce tribunal,
Dieu on dirait un vrai catafalque !

Seznec est-il victime ?
Le coupable d'un crime ?
Est-il faussaire, est-il menteur ?
Aurait-il tué Pierre Quémeneur ?
Haine insultes et colère,
Est-il bouc-émissaire ?
Est-il un monstre meurtrier
Et l'assassin du Conseiller ?

Dollin du Fresnel président.
Col d'hermines et robe de sang,
Aboie " accusé levez-vous !
Nom prénom âge et profession ?"
"Seznec.Joseph Marie Guillaume,
Quarante six ans, marchand de bois."
Et là de prendre un ton bougon,
Fierté blessée - ça fait sale impression.

Le rapport de moralité
Enfonce un peu plus l'accusé :
"Sournois ficelle et puis rusé,
Unanimement détesté."
C'est pas qu'un interrogatoire,
C'est même un vrai réquisitoire,
Sous les coups de sang les coups de dents
De Dollin du Fresnel président.

Une valise au Havre,
Un crime sans cadavre,
Et l'accusé de répéter :
"Au Havre suis jamais allé !"
La machine à écrire,
La machine à détruire ;
Mensonges et rires, ce tribunal,
Dieu quel sinistre carnaval.

29 octobre - mercredi,
Les témoins d'être en appétit :
C'est d'abord le frère et la sœur,
Louis et Jenny Quémeneur,
Et Jean Pouliquen le beau-frère,
Il en sait beaucoup, le notaire,
Et comme c'est à lui que le crime profite,
Il y va à la dynamite :

"Seznec a tout monté,
Tout tait, tout combiné. "
Pluie vent tempête sur Quimper,
Eclairs dans les yeux du notaire :
Vent pluie tempête et haine,
Charges de Pouliquen :
A Quémeneur on sait pourtant
Qu'il devait cent soixante mille francs.

Sur quarante-huit témoins cités
Il y a quarante-trois policiers,
Hier mardi c'était Vidal,
Matois le " beau méridional " :
Et Bonny qui se prend pour un superflic,
Mais la magouille c'est sa tactique ;
On le retrouvera bientôt
A Paris, chef de la gestapo !

30 octobre - témoin suivant :
Marie-Jeanne qu'il aime tant,
Coiffe blanche, robe noire,
Parapluie à manche d'ivoire,
- Maladroit, ça fait trop riche,
Elle répond sans hésiter,
Défend son homme pied à pied,
Tant qu'elle finit par s'énerver.

De dire et de redire :
" La machine à écrire,
C'est manigance des policiers ! "
- Sale impression sur les Jurés,
Ils ne la trouvent pas drôle,
Elle n'est pas dans le rôle,
Ils voudraient la voir effondrée,
Elle est battante et décidée.

Guillaume de voir le lendemain
Sa mère assise dans un coin :
Corps voûté et sous sa coiffe
Visage ridé comme une vieille pomme.
Là ses deux mains sur ses genoux,
Guillaume sourit à Marie-Anne
Et des larmes de ses deux yeux
Viennent ses joues mouiller.

Suivent les témoins qui auraient vu
Quémeneur après que disparu.
Le Président de s'acharner
A les tous ridiculiser...
Pour Le Her ce sera plus dur,
Celui-là il est tellement sûr !
Le procès change d'accusé ;
Il faut Le Her discréditer.

L'accusation prend peur :
On-dit, bruits et rumeurs,
François Le Her est un gêneur !
Il est démoli sans pudeur.
Ragots repris en chœur,
On en fait un farceur :
"N'a-t-il pas croisé par erreur
un sosie de Quemeneur ?"

2 novembre - le jour des morts :
Les plaidoiries, le corps à corps,
Guillot l'avocat général
Demande la peine capitale !
Puis c'est le tour de Maître Kahn.
De plaider avec force et flamme,
Mais pour contrer le président,
Il aurait fallu s'y prendre avant...

Sans preuve voire sans crime,
Sans aveux sans victime,
Seznec au bagne est condamné,
Par sept des douze jurés.
Est-il une victime ?
Est-il auteur d'un crime ?
C'est coupable condamnation,
Malheur à vous jurés bretons !

Tri Yann
L'adieu

Saint Martin de Ré, Le 28 mars 1927

Ma très chère Jeanne,

Je commence par t'annoncer que depuis le 23 écoulé, je n'ai pas eu de lettre de toi ; je sais cependant que deux lettres sont venues à Saint-Martin-de-Ré à mon nom. Toutes deux ont été retenues par M. le Directeur, donc je suis sans nouvelles de toi. Le départ est fixé le 7 avril et je suis du nombre. Dans 9 jours donc ma très chérie, je dirai adieu à la France de laquelle il ne peut me rester un bon souvenir. Et cependant comme je te l'ai déjà dit, dans mon éternelle existence, pour toi sera mon dernier soupir.
Aujourd'hui je te dis adieu parce que je ne te verrai plus, pas plus que mes chers petits enfants auxquels je n'écris pas particulièrement car cela ne ferait qu'augmenter leur douleur. Tu les embrasseras de toutes tes forces pour moi, et leur diras tout ce que contient mon cœur pour eux, car je sais que mes expressions ne pourront jamais être aussi claires que ce que tu devineras toi-même.
Celle-ci est la dernière lettre que je t'écris de France. J'ajoute de la France car on ne sait jamais, tu n'ignores pas que le voyage qu'on va me faire entreprendre est terrible surtout dans les conditions que nous le faisons. Mais sois convaincue que la mort pour moi n'est rien, c'est plutôt une délivrance, surtout pour qui ne peut rien espérer.
Je t'en prie, ma très chère Jeanne, n'essaie pas de venir voir mon départ car notre douleur serait trop horrible, pour l'un et l'autre, cela a été de même pour tous ceux qui ont quitté dans les mêmes conditions.
Je te dis donc encore une fois adieu ! Adieu, adieu et adieu !Au ciel !
Guillaume.


Reçu nouvelle trop tard. Pars heureux mon Guillaume. Rien n'est plus beau comme la mort d'un martyr. Emporte mon cœur. Ne l'abandonne jamais. La lutte continue. Serai ferme jusqu'à la mort. Sans adieu.
Marie- Jeanne.

Tri Yann
Le bagne

Sept avril, quittant Saint-Martin,
Six cents nous sommes embarqués sur La Martinière,
Fers et cages pour fauves humains,
Dans trois semaines c'est la Guyane et c'est l'oubli.
Pour bonjour, Prével nous a dit :
- C'est pas l'enfer mais c'est déjà le purgatoire,
Que morts vous ne sortirez d'ici,
Que morts ou pire, pour les îles du Salut.
Les Chaouchs de nous mettre nus,
Zébrés de rouge et blanc zébrés et fers et flammes,
Flammes et fers, ici tu n'es plus,
Pauvre Guillaume, que 49302.
Oiseau des Caraîbes bleu,
Va dire à mes enfants ma mère et Marie-Jeanne,
Va t'en dire : ma foi est en eux,
Justice veux, ne veux ni grâce ni pardon.
- J'ai nouvelle sur un nuage blanc :
Guillaume, un juge un écrivain les bretons lèvent ;
- J'ai nouvelle sur un nuage gris :
A la Royale on te condamne pour dix ans.
- J'ai nouvelle sur un nuage sang :
Que l'on te jette à Saint-Joseph, bagne du bagne :
- J'ai nouvelle sur un nuage noir :
Ta mère ta fille et Marie-Jeanne n'ont plus vie.

Tri Yann
La délivrance

Grande nouvelle en Bretagne :
Seznec est arrivé tantôt,
De plus de vingt ans de bagne,
Il nous revient en héros.
Grande nouvelle en Bretagne,
De Nantes jusqu'à Landerneau.

D'avoir fleuri Marie-Jeanne
En terre depuis seize ans,
D'embrasser sa fille Jeanne
Qui s'est battue tant et tant,
De serrer d'embrasser Jeanne
Qui pour lui s'est battue tant.

Grande foule hier au Havre,
Mardi premier de juillet :
Le Colombie, blanche étrave,
Mille et plus le guettaient,
Blanc Colornbie, blanche étrave,
Mille et plus l'acclamaient.

Vingt trois années d'absence
N'ont point tué son entêtement,
A redire son innocence,
Malgré ses cheveux blancs,
A crier son innocence
A soixante-dix ans.

C'est devoir pour la Justice
Toujours de mériter son nom ;
Après Guillaume, son petit-fils
Lui en réclame raison.
A Guillaume rendons justice,
Il n'est que trop de raisons.

Qu'elle veuille belle se faire.
Une ceinture lui offrirons,
Pour faire le tour de la terre
Et trois tours de sa maison.
Faire trois tours de la terre
Et trois tours de l'horizon,

Une ceinture de cire
Fragile comme jugements,
Punir l'innocence est pire
Qu'acquitter les brigands ;
Punir l'innocence est pire,
Pire des jugements.

Tri Yann
Seznec est innocent !
Revenant d'une réunion du comité de soutien à Seznec à Rennes en l932, le " barde " François Stéphan, Eostik Kreisker, de Saint Pol-de-Léon, écrivit une complainte en langue bretonne : Justiz evit Seznec et cette version en français interprétée ici par sa fille, Mme Castel.
Né en 1904, autour de poèmes et compositeur de chansons, il devait connaître une fin tragique et prématurée : membre de la Résistance, il fut arrêté en juin 1944 et fusillé à Brest en juillet de la même année.


Depuis bientôt deux ans, avec indépendance,
Avec toute la bonne toi des gens honnêtes et bons,
Un journaliste sérieux, plein d'espoir, de vaillance,
Mène pour la Justice un combat dur et long.

L'enjeu de cette bataille est d'arracher au bagne,
Un homme qui y languit, un martyr innocent,
Et de faire réviser, au moyen d'une campagne,
Une erreur judiciaire comme il y en a tant.

Elle n'est pas infaillible, la Justice qui nous mène.
Parfois même elle démontre son incapacité.
Voyez les attentats ('?) d'Ingrandes et de Rennes,
Elle a fouillé partout et elle n'a rien trouvé.

Dans notre Finistère on fit une contre-enquête
En faveur du facteur-receveur Hérriquet.
Il était innocent ! et la preuve en fut faîte,
Il revînt, mais sans être réhabilité !

De même Bissonnier, sur de faux témoignages,
Fût envoyé au bagne où il se consumait,
Il revînt un beau jour, mais y laissant en gage
Ses yeux qui pleurèrent tant : aveugle pour jamais.

Aussi devant ces faits, l'écrivain héroïque,
Qui mène, pour Seznec, campagne depuis deux ans
Malgré les vilenies et les verdicts iniques.
Ne perd pas confiance et prie en attendant.

De son coté aussi, la ligue des Droits de l' Homme
Prend fait et cause enfin pour Seznec innocent.
On peut ne pas aimer cette Ligue, mais en somme
On peut bien cette fois l'applaudir sincèrement.

Car lorsque la justice, elle-même est en cause,
Qu'importe la couleur de l'homme qui la défend,
Que cet homme soit bleu, rouge, blanc, noir ou jaune
La Justice avant tout, la Justice simplement !

C'est pour cela qu'un jour que nous espérons proche,
La Justice rendra Seznec à ses enfants,
Et il pourra ainsi, sans crainte de reproches,
Embrasser sa vieille mère de quatre vingt deux ans.

Le soleil de Justice éclairera la pierre
De la tombe de celle qui fit tout son devoir,
De sa compagne aimée, qui, à l'heure dernière,
A ses petits-enfants légua tout son espoir !

Il brillera aussi, ce soleil de Justice,
Sur la tombe de l'aînée des petits orphelins,
De l'humble religieuse qui fit le sacritice
De sa vie pour son père qu'elle chérissait bien.